Je n'écris pas ceci en réponse aux allégations d'inconduite récemment rapportées à l'égard de hauts dirigeants des Forces armées canadiennes. J'écris ceci parce que nous devons faire mieux. Mieux pour l'industrie de la défense, mieux pour les FAC, mieux pour le Canada et les Canadiens.
Il y a plus de 10 ans, dans le cadre d'un programme d'études supérieures, j'ai rédigé un article sur la diversité dans les FAC et j'ai commencé mon article par la citation suivante, tirée du Guide du chef d'état-major de la Défense à l'intention des commandants : « Nos hommes et nos femmes sont les pierres angulaires de l'efficacité opérationnelle. Les systèmes d'armes sophistiqués, les véhicules blindés, les avions et les navires sont de peu de valeur sans une équipe dévouée de marins, de soldats et d'aviateurs professionnels. Nos hommes doivent savoir qu'ils seront traités équitablement et avec dignité et respect tout au long de leur carrière. Ils sont en droit d'attendre de leurs dirigeants un environnement exempt de discrimination et de harcèlement dans une organisation dont les pratiques d'emploi sont justes et équitables. » Cela reste vrai pour les FAC aujourd'hui et nous, dans l'industrie de la défense, en tant que fournisseur de systèmes d'armes sophistiqués, de véhicules blindés, d'avions et de navires, devons faire de même.
Diversité, inclusion, équité
La diversité est un parcours qui a commencé il y a plus de 100 ans avec la lutte pour les droits des femmes et qui s'est ensuite étendu aux quatre groupes désignés : les femmes, les personnes handicapées, les Autochtones et les membres des minorités visibles visés par la Loi sur l'équité en matière d'emploi du Canada. La discussion porte maintenant sur les droits de tous les membres de la société canadienne, sans égard à leur race, leur ethnicité, leur identité sexuelle, leur expression de genre, leur orientation sexuelle, leur statut socio-économique, leur âge, leur handicap physique et/ou cognitif, leur situation familiale, leur croyance, leur lieu d'origine, leur religion et leur langue (Diversité). Elle comprend l'acte de reconnaître, d'accueillir et de faire de la place à la diversité, et reconnaît la valeur d'une main-d'œuvre diversifiée qui tire parti des différences d'identités, de capacités, d'origines, de cultures, de compétences, d'expériences et de perspectives (Inclusion). Enfin, la discussion doit porter sur le traitement équitable des individus et des groupes en éliminant les obstacles à la réussite, y compris les obstacles physiques, sociaux et systémiques, qui désavantagent certains groupes par rapport à d'autres (Équité).
S'engager en faveur de la diversité et de l'inclusion, au-delà de l'adhésion à la politique gouvernementale, est essentiel pour l'industrie de la défense pour un certain nombre de raisons, notamment pour s'assurer que notre industrie peut attirer les talents nécessaires pour répondre aux exigences du gouvernement en matière d'équipement « Protection, Sécurité, Engagement » (PSE), pour stimuler l'innovation afin que nos soldats, marins et aviateurs bénéficient de ce que l'industrie canadienne peut offrir de mieux et pour être un membre responsable de l'équipe de défense canadienne.
D'un point de vue politique et juridique, l'égalité de genre est inscrite dans notre Charte des droits et l'égalité des genres, ce qui signifie que les femmes, les hommes et les personnes de sexe différent peuvent participer pleinement à l'ensemble de l'équipe de défense, y compris à l'industrie de la défense. Les entreprises de défense sont déjà tenues de présenter leurs plans d'équité en matière d'emploi comme une partie obligatoire de la plupart des offres de défense et, plus récemment, les plans de diversité et d'inclusion font partie de l'évaluation technique notée.
Au-delà des besoins politiques, la génération actuelle des baby-boomers, dominée par les hommes blancs, continue de prendre sa retraite et la génération X commence à envisager de prendre sa retraite, au moment même où le cycle d'approvisionnement de la défense canadienne prévoit une croissance importante en réponse aux besoins ambitieux en équipement du PSE. Pour utiliser un terme apprécié de la communauté de la défense, cela crée la « Tempête parfaite » qui sera un défi majeur pour l'industrie de la défense sans croissance.
Pour réussir, nous devons attirer les plus brillants éléments de notre pays, issus de toutes les catégories démographiques. Les futurs membres de notre industrie, dans tous les départements, toutes les divisions et toutes les catégories de compétences, devront se reconnaître dans nos rangs, se sentir en sécurité et être reconnus et récompensés équitablement pour leurs contributions à l'industrie et donc au Canada, s'ils veulent d'abord rejoindre nos rangs et ensuite y rester. Heureusement, le gouvernement canadien a créé l'analyse comparative entre les sexes (ACS+), un processus analytique utilisé pour évaluer comment divers groupes de femmes, d'hommes et de personnes de sexe différent peuvent vivre les politiques, les programmes et les initiatives. Ce programme permet d'éduquer notre personnel sur les principes de la diversité et du genre, et constitue un élément essentiel de l'ingénierie des systèmes de nos produits et services.
Une meilleure prise de décision grâce à la diversité
En plus d'attirer et de retenir notre main-d'œuvre, la diversité et l'inclusion contribueront à stimuler l'innovation dans l'ensemble de notre industrie. La transition vers un système agile et le développement de logiciels a permis d'accroître l'innovation, l'efficience et l'efficacité des solutions d'équipement développées dans l'ensemble de l'industrie de la défense. La méthode agile repose sur la conviction que les individus et les interactions l'emportent sur les processus et les outils, comme l'indique le manifeste agile.
Ajoutez à cela le fait que les entreprises diversifiées sur le plan du genre et de l'ethnie obtiennent de meilleurs résultats que les autres dans leur secteur. Il n'est pas surprenant que des personnes d'horizons différents aient des idées différentes et, puisque chaque membre de l'équipe a son mot à dire dans les processus de développement agiles, il en résultera des solutions innovantes qui répondront mieux aux besoins de l'utilisateur final. En outre, la diversité est un ingrédient clé pour une meilleure prise de décision au sein des équipes; les groupes homogènes peuvent être sensibles à la pensée de groupe, tandis que les équipes diversifiées peuvent tirer parti d'une plus grande variété de perspectives et sont susceptibles d'examiner les informations de manière plus approfondie et plus précise. En outre, les équipes mixtes peuvent mieux gérer les conflits de groupe que les équipes homogènes et peuvent mieux maximiser la créativité des membres de l'équipe. Une plus grande innovation est bonne pour nos forces armées, bonne pour notre population et bonne pour notre industrie.
Enfin, nombreux sont ceux qui, dans notre industrie, parlent de partenariats avec l'armée et de faire partie intégrante de l'équipe de défense, pas seulement en tant que fournisseur d'équipements ou de services, mais en travaillant côte à côte pour élaborer des solutions, un principe clé du développement agile, puis, le cas échéant, en participant à l'exploitation et à la maintenance de ces systèmes. Pour que cela fonctionne, l'industrie de la défense doit fonctionner selon les mêmes normes et attentes que les membres en uniforme de l'équipe de défense. Non seulement nos employés doivent-ils se reconnaître dans notre organisation, mais notre client/partenaire doit également y voir ses valeurs si nous voulons établir les liens et la confiance nécessaires pour travailler ensemble à répondre aux besoins de sécurité du Canada.
Faire de la diversité et de l'inclusion une priorité stratégique est essentiel pour l'avenir de l'industrie de la défense. Tout comme notre client s'est engagé à créer une main-d'œuvre qui reflète les Canadiens, une main-d'œuvre juste, respectueuse, inclusive et favorable à la diversité, l'industrie de la défense doit faire de même. La discussion doit se poursuivre.
Cet article a été initialement publié dans le numéro d'avril 2021 de la Revue de la défense canadienne.